Faut-il sevrer un bébé allaité pour améliorer son sommeil?

Bon nombre d'arrêts d'allaitement se font afin "d'améliorer" le sommeil de l'enfant. Mais qu'en est-il vraiment? Est-ce qu'il y a vraiment des différences entre le sommeil d'un bébé au biberon et au sein ? Sevrer un bébé est-il "la" solution pour mieux dormir? Voyons quelques éléments clés.

Qu'est-ce qui rend cela difficile ? 

Un coté émotionnel et pas rationnel

Le sujet n'est pas simple. Il touche à notre affectif, à notre relation au lait artificiel, à l'allaitement maternel. 

Nous pouvons avoir expérimenter de sevrer nous même notre enfant pour qu'il "fasses ses nuits", avons vu une amélioration et généralisons. Nous pouvons être très engagé dans l'allaitement et militer en ce sens. 

Les études sur le sommeil des bébés

Certaines études mises en avant quand on parle du sommeil des bébés sont assez anciennes (une référence souvent citée date des années 50). Or les préparations pour les nouveaux-nés ont évoluées et ne sont plus les mêmes que par le passé. Si nous nous basons sur des données trop anciennes, nous risquons de comparer l'incomparable.

Et puis, les études sur le sommeil des enfants sont fortement influencées par les questions culturels tant des participants à l'étude que de ceux qui les réalisent. Ou de la manière dont les études sont menées.

De plus, bien souvent, les études sur le sommeil des enfants sont menées avec des enfants nourris au biberon ou bien l'étude ne mentionne pas l'alimentation ni le lieu de sommeil.

Je vous invite donc a rester critiques et ouverts quand vous lisez des informations sur le sommeil des enfants (même ici! :) ). 

Sommeil du bébé nourri au lait artificiel et allaité

Les recherches montrent que les bébés nourris par des préparations pour nourrissons dorment plus profondément et par périodes prolongées plus tôt que les bébés allaités, bien que la durée totale de sommeil soit identique.

En lisant cela, nous pouvons avoir envie de nous dire que cela confirme ce qu'on dit: le biberon favoriserait le sommeil de l'enfant. Mais alors, il est intéressant de mettre en perspective cette information. 

D'un part parce que l'utilisation de lait artificiel ainsi que les techniques pour encourager le bébé à faire sa nuit avant qu’il ne soit prêt à le faire de lui-même diminuent en moyenne la durée de l'allaitement et bien souvent mènent au sevrage. Si c'est le choix conscient et informé du parent, ce n'est bien entendu pas un problème. Mais si la mère veut allaiter? Si les parents ne sont pas informés des bienfaits de l'allaitement? S'ils n'ont pas les informations que je partage après? Là, cela me pose question.

De plus, cela peut aussi encourager le bébé à développer un schéma de sommeil avant d’autres processus comme ceux contrôlant la régulation thermique, ou la production hormonale.

De plus, la capacité d'éveil spontanée est un mécanisme important de protection contre les chutes potentielles de fréquences cardiaques ou respiratoires associées à la mort inattendue du nourrisson. Favoriser de longues et profondes périodes de sommeil avant que les bébés ne soient capables de le faire eux-mêmes placent ces bébés face à un risque.

Le sommeil de la maman

Une étude de 2007 a constaté que les mères qui nourrissaient exclusivement au sein la nuit obtenaient 40m de sommeil supplémentaire la nuit (et ça compte! ) que celles qui donnaient du lait maternisé à leurs enfants.

D'autres études ont mises en évidence que les différences se marquaient surtout sur le rapport subjectif mais pas dans les mesures objectives.  

La croyance commune suggère que parce que les bébés allaités se réveillent fréquemment pour manger, les mamans le font aussi. Les études montrent cependant que maman et bébé dorment autant ou plus que lorsque l'on a recourt au lait maternisé.

Et oui, les bébés et les mamans se rendorment plus rapidement, ou dorment pendant les tétées - mais la fragmentation du sommeil causée par l'allaitement peut être ressentie comme un manque de sommeil causée par l'allaitement et peut être vécue comme un "sommeil de moins bonne qualité".

Conclusions

Les bébés naissent avec un ensemble de besoins particuliers qui ne s'adaptent pas facilement à la
la vie adulte contemporaine. Je pense que c'est dans cette inadéquation que résulte beaucoup, beaucoup de souffrance chez les jeunes parents et particulièrement les jeunes mères. 

Dans la croyance populaire et le ressenti de nombreuses mère, l'alimentation du bébé a une influence capitale sur le sommeil du bébé et, cependant, peu de preuves le confirment.

L'invitation est donc, selon moi, de faire le point pour soi-même, de manière individuelle. Pour notre famille, notre relation à notre bébé, nos valeurs. Et de là, trouver notre chemin et nos réponses. 

Parfois, en désignant l'allaitement comme coupable d'un épuisement, on passe à coté de ressources pour améliorer notre qualité de vie.