Troubles du sommeil et fatigue de la jeune maman

On parle beaucoup du sommeil des enfants. Et c’est mon cas. Mais en fait, quand des parents prennent rendez-vous auprès de moi, une question que nous allons aborder, c’est le sommeil des parents. Récemment j'ai écouté un podcast en anglais, passionnant d'une interview d'une neuroscientifique sur le sujet, j'ai donc eu envie de partager quelques éléments issus de ce podcast ainsi que mes réflexions.  

Pourquoi parler du sommeil des parents est si important ?

Dormir, c’est un besoin vital. Une mauvaise qualité ou une insuffisance de sommeil peut amener à de nombreux problèmes :

  • Médicaux (santé cardio vasculaire, hypertension, mauvaise immunité…)
  • Problème de mémorisation, gestion de l'appétit, trouble de l'humeur,
  • La dépression, notamment la dépression post-partum et d’autres troubles psychologiques. Et sans aller jusque-là, l’épuisement physique, émotionnelle et relationnelle.
  • Et puis il y a des choses dont on parle moins comme des difficultés d’attachement avec l’enfant. Quand nous sommes épuisés, être dans l’interaction, le plein contact avec son enfant peut être compliqué voire impossible.
  • Et puis, il arrive que je reçoive des parents car leur "enfant aurait un « problème » au niveau du sommeil" et puis, en travaillant avec eux, les parents sont épuisés, et je les accompagne là-dessus. Mais l’enfant lui, n’a pas de trouble du sommeil à proprement parler.

Le sommeil de la femme enceinte

Le sommeil des futures mamans et jeunes mamans est donc très important. Des études ont pu montrer que le manque de sommeil, les problèmes de sommeils durant la grossesse pouvaient amener des problèmes tels que la dépression post partum. 

Pendant le premier trimestre, il y a tellement de changements hormonaux et notamment une augmentation colossale de la progestérone. Celle-ci travaille sur des récepteurs qui sont ceux que les somnifères classiques utilisent. La femme enceinte est donc très fatiguée. J’aime bien parler d’une fatigue « animale ».

Pour la fin de la grossesse, il y a le poids de utérus qui amène à se réveiller et aussi en appuyant sur la vessie, les envies de faire pipi qui perturbent le sommeil.

Ce que je trouve particulièrement intéressant : le sommeil des femmes qui sont mamans pour la première fois est différent du sommeil des femmes qui ont déjà été enceintes. Les chercheurs pensent que ce serait dû aux rôles qui changent, aux questions que l’on a durant la grossesse. Car oui, les aspects psychologiques ont un impact sur le sommeil et la grossesse ne fait pas exception.

De plus nous ne sommes plus dans des groupes où les gens s’aident les uns les autres. La pression à faire par nous-même et ne pas demander l’aide accroit les difficultés et le manque de sommeil. Donc, le sommeil durant la grossesse et après est plus léger et est bel et bien affecté.

Et pourtant, c'est un sujet encore fort peu étudié !

Pourquoi le sommeil et l'allaitement sont si peu étudiés ?

De nombreuses recherches ont démontré l’importance du sommeil pour notre santé mentale. Pourtant, le sommeil des parents, de la future mère est un sujet qui n’a pas été beaucoup étudié.  

Tout comme d'autres troubles, il y aussi des croyances encore trop véhiculées. Des troubles comme la dépression ont été jugés comme absents ou rare durant la grossesse et le post partum car comment être malheureuse alors que nous sommes enceintes ou avec notre bébé ? On sait à présent que la grossesse ne protège pas de la dépression et même que la dépression durant la grossesse est un facteur de risque pour la dépression du post partum. Et on sait que le manque de sommeil est un risque pour la dépression. Donc, le sujet du sommeil chez les mamans et futures mamans est important !

Durant la grossesse, et déjà très tôt durant celle-ci, le sommeil des mères va être perturbé. Mais quand peut-on dire que le sommeil est « mauvais » ?

La chercheuse interviewée soulève quelques points d’attention qui expliquent pourquoi, jusqu’à très récemment, ce sujet n’était pas étudié.

  1. La première personne que nous allons voir quand nous avons un souci de santé durant notre grossesse... Ce sont les gynécologues ! Or un gynécologue a une horrible hygiène au niveau du sommeil. Que ce soit en internat ou après. Le sommeil est décalé, en nombre d’heure totalement insuffisant, haché. Et ils se lèvent durant la nuit. Avec des périodes de garde où ils enchainent parfois plus de 48h d’affilée. Dans un livre que j’ai lu, un étudiant en gynécologie racontait d’ailleurs avoir remercié les sage-femmes car elles ne l’avaient pas réveillée durant sa garde. Sauf que si. Elles l’avaient réveillé, il avait été présent à une naissance. Avait mis le bébé sur la maman. Mais son état de fatigue étant tellement avancé, il ne s’en souvenait pas !
    Cet exemple pour souligner que parler de sommeil de mauvaise qualité à une personne qui probablement n’a pas une bonne hygiène de sommeil…
  2. La deuxième raison invoquée : le manque de femmes dans la recherche à ce sujet. Les hommes n’ayant pas expérimenté de problème de sommeil durant la grossesse, ou pas directement, les questions sur le sujet leurs viendront moins.
  3. Et puis, ce sommeil perturbé durant la grossesse, c’est « attendu ». Si on vous parle de grossesse, un des premiers « maux » dont on parle, c’est la perturbation du sommeil. Et donc, c'est minimisé
  4. La question aussi, c’est qu’il y a un bébé, et donc, s'il y a un problème de sommeil, que va-t-on faire pour ne pas prendre de risque pour le bébé ?
  5. Et à partir de quand peut-on se dire que c’est trop dur et qu’il faut se préoccuper du sommeil de la femme enceinte ? A partir de quand peut-on se dire que cela mérite de l’attention ?
  6. Et puis, tout simplement, les femmes enceintes et avec bébé sont exclues de beaucoup d’études sur le sommeil. Dans les études, on essaye d’avoir des groupes homogènes. Et donc, on enlève les femmes enceintes ou qui allaitent car on sait que le sommeil sera perturbé. Du coup, le sommeil de la femme enceinte et allaitante est peu étudié.
  7. Les troubles de sommeil durant la grossesse, c’est pour se préparer.
    Voilà quelque chose que l’on entend, que l’on lit très souvent et honnêtement, je l'ai déjà dit... Et ce n'est peut-être pas entièrement faux. Cependant sur quoi se base-t-on pour dire cela ? La chercheuse soulève avec beaucoup de justesse que quand nous devons faire une longue route épuisante, nous n’allons pas nous dire « Eh ! Et si pour me préparer je faisais une ou deux insomnies ? » Non, au contraire, nous allons avoir à cœur de bien prendre soin de nous.  

Le sommeil de la future maman et de son bébé

Il y a des données chez les rates enceintes, l’exposition à la lumière durant la grossesse a un impact sur le rythme circadien des bébés rats c'est à dire l'alternance du jour et de la nuit et le fait de dormir de plus longues plages durant la nuit et être plus actif la journée.

Des injonctions faites aux mères

Notre horloge biologique est effectivement prévue pour que nous soyons éveillés durant la journée et endormi durant la nuit. Or, bien souvent, on dit aux mamans de dormir quand le bébé dort. Or à ce moment-là, notre corps est programmé non pas pour s'endormir mais pour rester éveillé.

Bien souvent d'ailleurs, des mamans me disent qu'elles s’allongent mais ne parviennent pas à s'endormir car elles pensent à tout ce qu'elles veulent/voudraient faire. Au final, soit elles s'endorment juste avant le réveil du bébé. Soit, elles ne vont pas s'endormir et seront frustrées de n'avoir rien fait, se dire que vraiment elles n'y arrivent pas. 

Cette partie du podcast m'a particulièrement intéressée car d'autres livres sur le sommeil, qui incluent des aspects de comparaison interculturelle amènent à se dire que bon nombre de cultures incluent des siestes. Ce qui m'amène à m'interroger. Si bien sûr nous avons notre rythme circadien, nous avons aussi le "poids" de notre culture, de notre époque.

Je pense à nouveau que cela renforce ma conviction que cela doit être une invitation, une proposition et non une injonction. Si cette proposition vous parle, alors faites une sieste en même temps que bébé. Des outils peuvent y aider. Comme la méditation, la sophrologie, la cohérence cardiaque... Et que si nous invitons les mamans à faire la sieste, n'oublions pas de dire que ce n'est pas évident de par notre rythme circadien. 

renard fait dodo

Rien de tel qu'une petite sieste

Prendre soin de soi et de son sommeil de jeune et future maman

Mais cela amène à nouveau à l'importance de la prévention et aux pistes que ces études amènent. 

  • Gardez de la régularité et vos rythmes autant que possible,
  • Essayez de mettre en place des routines saines pour vous. Dans leurs études, ils pensent que ce qui a le plus aidé dans les routines, c’est que les mamans dormaient plus tôt, dormait donc plus. Donc, regarder comment vous pouvez aménager votre quotidien pour vous coucher plus tôt et ainsi dormir plus,
  • Prioritiser le sommeil sur le fait de nettoyer,
  • Avoir de la lumière, durant la journée. Nous sommes prédisposés à être éveillé le jour donc au plus le signal du jour est fort pour notre cerveau et au mieux c’est pour notre réveil,
  • Savoir à quoi s’attendre, se préparer à ce qu'est le quotidien avec un nouveau-né, avec un enfant et notamment sur les questions de sommeil.

Bien souvent, quand nous sommes avec un jeune bébé, nous sommes épuisés à la fin de la journée. Mais nous voyons encore tout ce que nous "devons" faire comme le ménage, le lave-vaisselle, le linge, ... Et puis, nous avons envie de passer du temps avec notre conjoint.

De plus, bon nombre de jeunes mamans repoussent l'heure d'aller dormir car elles ont peur : peur de comment la nuit va se passer. Et puis, plus le temps passe plus on se dit : je vais allez me coucher, mais une fois couché, c'est alors qu'il va se réveiller. Et plus le temps avance plus cela devient : ok, mais il est presque l'heure de son réveil... Bref, on repousse on repousse mais on ne prend pas soin de soi !

Durant les études menées, beaucoup de mamans parlaient de la tension qu’elles ressentaient dans le fait d’aller au lit. Car elles ne savent pas comment cela va se passer. Et donc, en adaptant leur rythme de sommeil (par exemple avec les lampes comme proposé par l'étude) pour qu’elles dorment plus tôt, elles se mettaient dans des conditions leur permettant de mieux dormir.

Bref, le sommeil est important et en prendre soin dès la grossesse est important afin de travailler votre bien être qui sera la base de comment vous allez vous sentir avec votre tout petit.

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